mercredi 3 août 2016

(Philosophie) 1 - LA PENSÉE ATTENTIVE

Philophiles, le goûter philo en milieu scolaire


DÉBUTER EN PHILOSOPHIE
Christian Lévêque 
Introduction 1 - La pensée attentive

La philosophie selon moi: être attentif / la co-existence des points de vue / oubli de soi et concentration / l'altérité  / douter de vérités collectives / 

J'ai avancé,  dans la présentation de ce cours, qu'au final et pour moi, la philosophie est le moyen d'être le plus ou le mieux possible attentif. Regarder, écouter, lire, goûter autrement,  sinon de mieux en mieux, ce sera vivre plus intensément, "en connaisseur". Cette définition-là diffère de beaucoup d'autres, que vous rencontrerez dès vos premiers et jusqu'à vos derniers pas en philosophie.

Mais elle leur ressemblera de près ou de loin : en philosophie les thèses et les vocabulaires, donc les auteurs, se complètent plus qu'ils ne se combattent. A condition d'admettre, sur chaque sujet d'importance, la possibilité de points de vue différents mais également valides. Dans le temps bref et compressé de la vie quotidienne, personne ne peut sans entraînement ni méthode s'affranchir de ses propres convictions, ou de ses propres peurs, au point d'admettre avoir le plus souvent tort.

Cela exige non seulement du temps, mais aussi un niveau d'engagement, de concentration tenace et, paradoxalement, d'oubli de soi, peu valorisés à notre époque. Contrairement à une idée reçue, ce qui déclenche la réflexion documentée, rigoureuse et cependant hésitante de la philosophie, ce n'est pas l'évidence des limites de l'intelligence humaine, au travers de questions sans réponses sur les pourquoi du temps, de l'espace ou de l'univers, mais la découverte, chez autrui, de conceptions radicalement différentes des nôtres, à peu près sur toutes les questions, des plus graves aux plus légères.

La recherche de vérités collectives rassure et solidarise. Les normes sociales, les morales communes, les pratiques éducatives et le langage national forment l'essentiel de ces convictions sur lesquelles nous conformons nos attitudes, nos choix et nos discours, en une sorte de pensée unique, de prêt-à-dire pratique et banal.

Au cœur même des disputes et des débats, une sorte d'accord sur les règles de jeu, et sur l'amplitude maximale autorisée des divergences d'opinions, s'impose à tous, exactement en même temps que des règles de grammaire, et de politesse. La philosophie survient de la conscience des dangers que recèle ce déterminisme social, puissant et confortable.

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